QUELQUES ÉLÉMENTS DU RÉCIT
courant. Le flux d’eau amène quantité d’opportunités de capturer des créatures. Il y en aura pour tout le monde. La nuit, le corail est fluorescent, certains individus ne se font remarquer que la nuit par des teintes jaunes, roses ou bleues fluorescentes. Les formes disparaissent et l’on ne découvre que les contours. Le labyrinthe ou jardin à la française du corail leptoria (corail cerveau), des millions d’années d’évolution ont dessiné ce superbe massif où se perdent les larves de poisson et les crevettes translucides. Les polypes du corail favia ressemblent à de petits volcans. À l’échelle du gobie, nous nous promenons dans une plaine urticante aux petites collines sensibles au moindre contact. Les coraux accropora, quand on approche l’œil et la loupe, évoquent une forêt alpine aux mille sapins. 2- LES FILTREURS Un poisson défèque sur le haut du récif, son « nuage marron » tombe peu à peu vers le fond, filtré par les innombrables « mains », corolles, râteaux, filtres, de tous les filtreurs disposés sur la hauteur du tombant ainsi que par toutes les créatures mobiles. Ici la nourriture tombe du ciel. L’eau est filtrée et refiltrée mille fois par quantité de créatures (éponges, corail, gorgones, lis de mer etc.). La cascade de planctons est continue. Une nuit, un crinoïde aux ramures d’or se réveille et déploie son éventail gracile vers la pluie bienvenue. Enfouie dans le sable durant le jour, la plume du pennatulaire ptéroides se déploie la nuit venue. Un nouveau filtreur fait face au courant, partout la mer est triée. La respiration des
éponges en calice. Un véritable poumon en pleine eau, inspiration et expiration en continu, plus qu’une respiration, c’est une filtration aux proportions gigantesques, la mer semble filtrée par toutes les éponges du récif. Suivons le trajet des particules filtrées. Visualisons le trajet de l’eau de mer, aspiration et rejet. La tour-bouche bleue (ascidie), un fixé coloré. Superbe machine à filtrer l’eau de mer. 3- LE POISSON-PERROQUET Le poisson-perroquet s’enveloppe dans un pyjama de mucus tous les soirs pour pouvoir dormir en paix, sans signaler sa présence odorante aux prédateurs nocturnes tels que la murène qui quitte nuitamment son terrier pour remonter la piste olfactive de ses proies. (cf. ses narines bien développées). Les bruits du récif, un poisson-perroquet qui broute le corail, un coquillage bénitier qui se referme dans un bruit de porte de cathédrale, les poissons qui grognent, bruissent. Les crevettes qui font claquer leurs articulations, les poissons anges qui broutent les éponges. 4- LA TRANSITION JOUR/NUIT Quand le soleil se couche, il y a une sorte de trêve, une demi-heure d’inactivité totale dans le récif, où les poissons diurnes s’éclipsent selon une étiquette précise pour laisser la place aux habitants nocturnes toujours selon une étiquette établie. Les petits poissons diurnes rentrent les premiers puis les moyens puis enfin les gros et vice versa pour les nocturnes. Lors de la transition jour-nuit, la migration du plancton déclenche la floraison de tous les filtreurs
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