CORAIL : un projet de Luc Jacquet / 2024

NOTES BIOLOGIQUES

Dans les ténèbres envahissantes, on distingue encore les tons vifs d’un poisson-perroquet qui se glisse dans sa grotte de corail ; il se met aussitôt à sécréter le mucus qui recouvrira son corps à la manière d’un cocon, pour empêcher la diffusion de son odeur et échapper aux prédateurs nocturnes qui chassent à l’odorat comme la terrible murène. De nombreux autres animaux qui se reposent pendant le jour sortent dans l’obscurité pour aller se nourrir en toute sécurité. Un gorgonocéphale grimpe sur la gorgone au pied de laquelle il vit. Il déploie ces centaines de bras finement ramifiés pour happer les petites particules nutritives qui flottent dans les courants, tout comme le font les autres ophiures et les comatules. Pendant la journée, la plupart de ces invertébrés qui se nourrissent par filtration restent recroquevillés sur eux-mêmes pour échapper aux poissons- papillons qui grignoteraient leurs bras. Les crabes, les crevettes et les petits apogons profitent également de la nuit pour sortir de leur cachette et mer aux terribles piquants et des oursins venimeux rongent les coraux pendant que des mollusques formidables leur donnent la chasse. Les poissons-soldats sont partout, ouvrant leurs yeux hypertrophiés pour repérer les crevettes minuscules et le krill. Les lueurs tremblotantes sont celles des poissons-lanternes qui se servent des poches lumineuses situées sous leurs yeux pour communiquer avec leurs congénères, notamment pendant la saison des amours où lorsqu’ils découvrent des proies appétissantes ; il leur suffit de rabattre ou de relever un repli cutané pour « allumer » ou « éteindre »

à volonté leur lanterne.

Un poulpe qui se fraie un chemin au pied du récif fait une pause pour examiner son nouveau territoire. Dès qu’il a repéré un bivalve à demi enterré, il émet une série de pulsations. Enfin, les polypes de corail jaillissent de leur squelette de calcaire pour se joindre aux agapes et c’est l’aspect du récif tout entier qui est transformé. Dans la nuit noire, une raie manta franchit le récif illuminé par la lueur des ophiures et des crevettes, laissant dans son sillage une trace phosphorescente.

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