NOTES BIOLOGIQUES
répétant le manège à plusieurs reprises, ils parviennent à circuler au milieu de cette jungle urticante sans dommage. En échange, les gagne-petit nettoient l’anémone et la protègent contre des intrus ou des malveillants. La toxicité de l’anémone les protège en retour des prédateurs extérieur. À côté de l’anémone, un autre exemple de relation symbiotique, la crevette nettoyeuse et le labre nettoyeur ouvrent leur station de nettoyage, le meilleur endroit pour se débarrasser des parasites qui infestent toutes les créatures marines. Ils exposent leurs vives couleurs aux clients, mérous, lutjans ou murènes qui en toute autre situation, loin de cette station connue et reconnue, n’hésiteraient pas à croquer d’aussi appétissantes proies. Mais les barbiers ont la permission d’arpenter leur corps, leurs branchies voire leur bouche, et pour calmer leurs clients, ils n’hésitent pas à les masser pendant leur ouvrage. Certains tirent parti de ce mutualisme, la blennie fausse nettoyeuse dont la livrée ressemble à s’y méprendre à celle du blennie nettoyeur officiel, ce qui lui permet de se poster près d’une station de nettoyage sans se faire remarquer. Mais à défaut de nettoyer le client, elle se précipite sur le patient confiant, lui croque un bout de chair avant de fuir sans demander son reste. De ces menteurs, il y en a plein le récif. Ils jouent gros, mais s’en sortent souvent… On connaît le bernard-l’hermite, petit crabe au corps mou qui porte une coquille recueillie au passage pour protéger son abdomen fragile. Quand la coquille est devenue trop petite, il en change, quand elle n’est pas suffisamment persuasive, il accorde un permis
de séjour à une ou plusieurs anémones qui mettent à sa disposition leurs tentacules. Le crustacé ira même jusqu’à caresser gentiment l’anémone pour l’inciter à se transférer sur la nouvelle coquille dans laquelle il a élu domicile. Certains crabes, vraiment minuscules, cultivent même des anémones de mer sur les pinces, et, garnis de ces tentacules urticants, les utilisent comme des repoussoirs envers les prédateurs qui osent menacer leur tranquillité. Ces lignes donnent une première idée de la complexité, de la densité des relations et des lois biologiques qui régissent le monde du corail. Elles nous autorisent de fait une extrême liberté d’écriture, les exemples sont pléthoriques. Nous pourrons mener notre histoire très loin vers l’imaginaire sans trahir cependant la réalité biologique, une opportunité rare quand on écrit en suivant les lignes imposées par la nature.
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